Retour d'expérience sur l'utilisation croisée de plusieurs archives de fouilles
Christophe Tufféry  1, 2, 3@  
1 : Institut national de recherches archéologiques préventives
Ministère de la culture
2 : CY Cergy Paris Université
CY Cergy Paris Université
3 : Institut National du Patrimoine
‘’Ministère de la culture ’’

Dans le cadre d'une thèse de doctorat engagée depuis 2019, nous proposons une étude historiographique et épistémologique des effets des dispositifs numériques sur l'archéologie et sur les archéologues au cours des cinquante dernières années [1]. Notre travail s'appuie sur notre propre expérience comme archéologue depuis la fin des années 1970 et sur notre activité à l'Inrap depuis 2010 comme chargé des techniques et méthodes de relevé et d'enregistrement. Sur la période concernée, l'archéologie a vu ses méthodes et ses contextes réglementaires profondément modifiés et une demande sociétale croissante pour accéder aux patrimoines archéologiques.

Parmi les sources de données nécessaires à notre recherche, se trouvent des archives d'opérations archéologiques, dont celles d'un chantier de fouille auquel nous avons participé entre 1980 et 1988. Une partie de ces archives est disponible à la consultation en divers lieux ouvert au public. Mais des fonds d'archives privées restent souvent inaccessibles et inexploités (photographies, carnets personnels de terrain, correspondance, cahiers de fouille). Ces différentes ressources témoignent des observations, des découvertes de structures et de mobiliers, des savoir-faire des chercheurs sur le terrain, de la vie sur le chantier et en dehors de celui-ci, des réseaux de sociabilité des archéologues. Les archives de fouille s'ancrent dans les pratiques scientifiques et sociales de leurs auteurs et prennent place dans ces "lieux de savoirs" que sont les chantiers de fouille.

Nous avons exploité ces différents fonds d'archives avec plusieurs outils et méthodes numériques. Nous avons procédé à la numérisation de deux cahiers de fouille que nous avons exploités avec plusieurs applications de transcription numérique. Nous avons aussi exploré plusieurs outils de reconnaissance de caractères. Nous avons développé notre propre application de transcription de journaux de fouille pour répondre à nos besoins spécifiques. Nous avons pu aussi récupérer, non sans difficulté, des fichiers numériques d'une application pionnière d'enregistrement de données de terrain datant des années 1980.

Les données issues de ces différentes archives de fouille ont été exploitées avec divers logiciels et applications (SIG, récit chronologique, animation spatio-temporelle, visualisation en 3D, etc.), dans une approche pluridisciplinaire. Nous avons engagé la publication de ces archives et les résultats de nos travaux sur une plateforme Web sous licence libre avec des métadonnées minimales. Enfin nous avons croisé ce projet avec d'autres projets réalisés ou en cours de publication de ce même type d'archives. Outre les résultats auxquels nous avons abouti, nous présenterons un retour d'expérience qui témoignera des difficultés rencontrées et des questions restées en suspens. Enfin, nous proposerons de faire évoluer l'offre de formation sur les archives archéologiques pour permettre aux professionnels de l'archéologie de mieux les prendre en compte.

[1] http://inp.hypotheses.org/1391


Personnes connectées : 1 Flux RSS | Vie privée
Chargement...